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Procès Ousmane Sonko-Adji Sarr: Ce qu’il faut retenir des débats

Adji Sarr a maintenu mardi devant un tribunal de Dakar ses accusations de viols contre l’opposant Ousmane Sonko, délibérément absent d’un procès manipulé selon lui par le pouvoir pour l’empêcher d’être candidat à la présidentielle en 2024.

« Cinq fois », a répondu Adji Sarr au président de la chambre criminelle qui lui demandait à combien de reprises M. Sonko aurait abusé d’elle dans le salon de beauté de la capitale où elle travaillait.

Adji Sarr, en grande robe et coiffe rouge, a relaté sans détour les actes que M. Sonko, affirme-t-elle, lui a imposés entre fin décembre 2020 et début février 2021, jusqu’à ce qu’elle dépose une plainte qui a secoué le monde politique.

La jeune femme d’un peu plus de 20 ans a aussi rapporté les menaces de mort dont elle dit avoir fait l’objet, autre chef d’accusation retenu contre le président du parti Pastef-les Patriotes et troisième de la présidentielle en 2019.

« Il a menacé de me faire licencier si j’en parlais ou de mettre à mes trousses des jeunes pour me régler mon compte », a-t-elle dit. M. Sonko venait armé au salon Sweet Beauté, a-t-elle déclaré: « J’ai eu peur en voyant les armes avec lesquelles il menaçait de me tuer ».

M. Sonko, 48 ans, a reconnu être allé se faire masser pour apaiser des douleurs de dos chroniques. Mais il a toujours réfuté les accusations et crié au complot du pouvoir pour l’écarter de la présidentielle.

Disant craindre pour sa sécurité, il a annoncé qu’il ne répondrait plus aux convocations de la justice sans garantie de l’Etat pour son intégrité physique.

M. Sonko est présumé être resté à Ziguinchor, ville dont il est le maire et où il s’est retiré il y a plusieurs jours, à des centaines de kilomètres de Dakar. Ses partisans montent une garde étroite autour de son domicile pour parer une éventuelle tentative de l’amener de force au tribunal.

Ce procès retentissant est l’épilogue d’un feuilleton qui tient le Sénégal en haleine depuis plus de deux ans. L’enjeu en est autant criminel que politique. L’éligibilité de M. Sonko et sa faculté de concourir en 2024 en dépendent.

Les rendez-vous de M. Sonko avec la justice dans cette affaire et une autre de diffamation dans laquelle il vient d’être condamné et qui pourrait elle aussi le priver de ses droits électoraux ont régulièrement donné lieu à des incidents et des affrontements.

L’activité a une fois de plus été ralentie à Dakar mardi, l’école est suspendue jusqu’à jeudi matin à Ziguinchor. Mais aucun trouble significatif n’a été rapporté.

Le procès s’était ouvert le 16 mai dans un contexte de heurts, et avait été reporté au bout de quelques minutes. Dans un tribunal placé sous haute protection policière, il a fini par entrer dans le vif du sujet après le rejet de nouvelles demandes de report, avec la lecture de l’acte d’accusation et l’interrogatoire de la co-accusée de M. Sonko, Ndèye Khady Ndiaye.

La patronne de Sweet Beauté est accusée d' »incitation à la débauche, complicité de viols et diffusion d’images contraires aux bonnes mœurs ». Dans les toutes dernières semaines de sa grossesse, elle a répondu assise aux questions de la cour, et a dédouané M. Sonko.

« La vérité va jaillir »

« Adji Sarr ne m’a jamais parlé de viol. Elle n’en a jamais parlé à mon époux », a-t-elle dit.

Quand la gendarmerie l’a appelée au sujet de la plainte d’Adji Sarr, elle a interrogé les autres employées du salon: « Toutes m’ont dit n’avoir jamais remarqué un comportement suspect de Sonko ».

La plainte d’Adji Sarr a passagèrement mis la question du viol sur une place publique où elle est volontiers passée sous silence. Adji Sarr a été attaquée et menacée sur les réseaux sociaux. Mais elle a toujours réclamé justice.

Son ancienne patronne a répondu aux questions seule, sans ses avocats.

Ils avaient quitté la salle comme ceux de M. Sonko, indignés de n’avoir pas obtenu, pour des raisons distinctes, qu’on ajourne l’affaire.

« C’est le moment de la confrontation. La vérité va jaillir. Le combat aura lieu », a dit le conseil de la plaignante, Me El Hadji Diouf. Il a qualifié M. Sonko de « fuyard » et de « poltron ».

« La justice sénégalaise se saborde. Elle est décidée à livrer une commande » passée par le pouvoir, a protesté un des avocats de M. Sonko, Me Ciré Clédor Ly hors de la salle.

Le viol, criminalisé depuis 2020, est passible de dix à vingt ans de prison.

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